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Des supporters lillois proches de l'extrême droite potentiellement impliqués dans l'agression d'Arnaud Lasserre

Près de quatre mois après l'agression d'Arnaud Lasserre près du stade Pierre-Mauroy, en marge de Lille-Wolfsburg, les proches de cet éducateur nordiste attendent impatiemment les débouchés de l'enquête en cours. Des ultras du LOSC, sympathisants d'extrême droite, pourraient être impliqués.

Alban Traquet, à Villeneuve-D'Ascq (Nord)mis à jour le 3 janvier 2022 à 18h49
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Il est tenaillé par l'insidieuse culpabilité de l'innocent, celle qui mine le moral du témoin impuissant, sauf à crier, comme il l'a fait, cet appel à l'aide désespéré - « Ils ont tué Arnaud ! » - après les coups et une chute au sol, alors que la victime gisait, inerte, « dans une mare de sang ». Président du FC Santes (Régional 2) et des Doggies, l'association des jeunes supporters du LOSC, Thierry Alsters tente encore de contenir ses remords, plusieurs mois après cette scène glaçante qui l'a laissé « tétanisé » par son « niveau de violence ».

 
 

« J'avais invité Arnaud au match, je me sens responsable de tout ça, explique-t-il, toujours marqué. On était au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais la chose positive, c'est qu'il est sorti d'affaire. » Pour son frère Yannick, Arnaud Lasserre est un « miraculé », après avoir passé plusieurs semaines dans le coma, à la suite de son « lynchage », comme il qualifie la scène, qui lui a été rapportée.

Le trou noir

Après ces violences, la victime a notamment subi une opération de la boîte crânienne, avant de pouvoir entamer une lente rééducation après son réveil, fin octobre. « Arnaud a un os cassé au niveau de l'oreille droite, il a perdu une partie de l'audition, poursuit son frère. Et concernant son agression, il ne se souvient de rien. »

Le « mauvais endroit », c'est l'entrée du bar-restaurant The Factory, un établissement situé sur l'esplanade du stade Pierre-Mauroy, à Villeneuve-d'Ascq, où se retrouvent habituellement des ultras du LOSC les soirs de match. Le « mauvais moment », c'est cette nuit du 14 septembre, après le nul de Lille face à Wolfsburg (0-0), lors de la 1re journée de la phase de groupes de Ligue des champions.

Retour sur site : après avoir raccompagné les jeunes Doggies à l'issue de la rencontre, Thierry Alsters, Arnaud Lasserre - qui est éducateur au FC Santes - et son collègue Thomas (le prénom a été changé par souci d'anonymat), un ami d'enfance, décident d'aller boire un verre. Il est près de minuit, le Factory est encore ouvert, les trois hommes entrent dans le pub et s'installent au zinc.

« Le policier de la crim' qui m'a entendu m'a dit que j'avais été fracassé à terre. »

L'ami d'enfance d'Arnaud Lasserre, qui était avec lui ce soir-là

 
 
 

Tout près d'eux, un groupe de trois autres hommes, selon Thomas. L'un d'eux, apparemment éméché, se montre insistant avec une serveuse. « C'était pénible, comme du harcèlement, raconte l'ami d'Arnaud Lasserre, qui a accepté de s'exprimer pour la première fois sur l'affaire. Au bout d'un moment, je lui ai dit : "Arrête un peu", sans agressivité. Puis ses copains ont dit qu'ils allaient partir mais il a voulu reprendre un verre. »

La suite est incertaine. La serveuse serait allée se plaindre auprès d'une de ses amies, alors à l'extérieur du bar, qui aurait déboulé en menaçant de faire « fermer sa bouche » au dragueur indélicat, provoquant un effet de groupe.

The Factory, lieu de l'agression d'Arnaud Lasserre. (DR)
 
The Factory, lieu de l'agression d'Arnaud Lasserre. (DR)

Dans l'excitation subite, sans cible de représailles clairement désignée, Thomas aurait pris deux coups à l'arrière du crâne qui l'ont fait chuter au sol. « C'est moi qui ramasse en premier car je suis juste devant le petit groupe du gars qui avait embêté la serveuse, affirme l'ami d'Arnaud. Dès la première droite, je suis K.-O. et mon pote vient me défendre. »

Les images des caméras de vidéosurveillance, enregistrées à l'intérieur de l'établissement, ont été décortiquées par les enquêteurs de la brigade criminelle de la Sûreté urbaine de Lille, qui a repris l'affaire des mains du commissariat de Villeneuve-d'Ascq. « Le policier de la crim'qui m'a entendu m'a dit que j'avais été fracassé à terre », ajoute Thomas. Trois personnes pourraient être directement impliquées dans ce premier acte brutal.

Dans une mêlée indistincte, Arnaud Lasserre serait donc intervenu physiquement pour défendre son ami. Puis il aurait été pris à partie, à son tour, avant d'être éjecté du bar, notamment par le videur. Une autre bagarre se déclenche alors à l'extérieur, devant l'entrée, où plusieurs coups s'abattent sur l'éducateur sportif.

Au moins cinq personnes pourraient être impliquées dans ce second acte. « Je ressors du bar et quand Arnaud se relève, il est déjà plein de sang, témoigne Thierry Alster, le président du FC Santes. Il est à nouveau frappé, il tombe et il ne se relève plus. » Après deux salves, cette chute sur la tête serait directement liée, en facteur aggravant, à son traumatisme crânien.

« Son pronostic vital a été engagé pendant trois semaines. »

Yannick Lasserre, le frère d'Arnaud

 
 
 

Après l'arrivée des secours, Arnaud Lasserre a été conduit, inconscient, au CHU de Lille. « On peut remercier le personnel du service de neurochirurgie de l'hôpital Salengro qui l'a sauvé, souffle son frère Yannick. Son pronostic vital a été engagé pendant trois semaines. »L'éducateur du FC Santes, qui suit un programme de réadaptation, a pu effectuer sa première sortie de l'hôpital début décembre, pour revoir sa famille.

Depuis, il a également été entendu par les enquêteurs le mois dernier et il a pu être examiné, avant Noël, par l'unité médico-judiciaire de Lille, dont le rapport est une étape nécessaire de la procédure et de l'enquête préliminaire en cours.

Ouverte pour « violences en réunion ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours », une qualification correctionnelle, cette enquête est toujours susceptible d'évoluer selon l'état de santé de la victime, en fonction du certificat que délivrera la médecine légale. Habitant de Loos de 35 ans et père de deux enfants, Arnaud Lasserre est surveillant pénitentiaire à la maison d'arrêt de Lille-Sequedin.

« On attend impatiemment des débouchés concrets, explique Me Antoine Chaudey, l'avocat d'Arnaud Lasserre. La famille, inquiète, en a besoin. Elle est préoccupée par l'évolution de cette enquête dont elle n'est pas tenue informée. » Contacté, le parquet de Lille n'a pas souhaité s'exprimer. « L'enquête avance bien », glisse cependant une source proche du dossier. Un important travail d'identification a déjà été réalisé par les enquêteurs.

Plusieurs dizaines de personnes doivent potentiellement être interrogées dans cette affaire, en tant que témoins des scènes de violence ou auteurs supposés d'infractions. Des éléments de réponse pourraient se trouver chez certains habitués du Factory.

« Il y a des ultras présents les jours de matches mais il y a de tout chez moi le reste de la semaine

Jean-Michel Majchrzak, le propriétaire du Factory, le bar qui a été le théâtre de l'agression d'Arnaud Lasserre.

 
 
 

C'est lors de son dépôt de plainte contre X, le lendemain du drame, au commissariat de Villeneuve-d'Ascq, que l'ami d'Arnaud Lasserre dit avoir appris que l'établissement était régulièrement fréquenté, entre autres, par des ultras lillois liés au milieu identitaire.

Plusieurs sont issus de la LOSC Army et du groupuscule connexe des Gremlins Lille, qui appartiennent à la frange la plus dure des supporters lillois et dont certains membres, adeptes des démonstrations de force et des sports de combat, fricotent avec le hooliganisme.

« On m'a demandé pourquoi on était allés là-bas après le match, poursuit Thomas, l'ami d'Arnaud, relatant son dépôt de plainte à la police. Je ne connaissais même pas le nom de ce bar ! Mais eux savaient par qui il est fréquenté. » Selon nos informations, un membre des Gremlins, également habitué du bar identitaire lillois La Citadelle, et qui était présent au Factory le soir du 14 septembre, a été interpellé dans la foulée et placé en garde à vue dans ce dossier, avant d'être relâché sans poursuites à son encontre.

Plusieurs actions de solidarité

Sollicité, le propriétaire du Factory, Jean-Michel Majchrzak, explique qu'il est arrivé sur place alors que « l'incident venait de se terminer sur le parvis ». Il évoque « une dispute de bar entre supporters » et conteste la réputation parfois sulfureuse de son établissement, qui ne comporte aucun signe, dans sa décoration murale, lié à la galaxie nationaliste ou à un folklore ultra dévoyé. « Il y a des ultras présents les jours de matches mais il y a de tout chez moi le reste de la semaine : des entrepreneurs, des gens de bonne famille et même des policiers qui viennent en civil », poursuit Majchrzak.

Lors de notre passage au Factory, le soir de Lille-RB Salzbourg (1-0), le 23 novembre, en Ligue des champions, des membres des Gremlins étaient présents. À la porte, chargé de la surveillance des passes sanitaires, était posté Y. M., qui bavardait amicalement avec certains clients, dans une ambiance où l'entre-soi transpirait chez les jeunes supporters. Skinhead lillois connu de la justice et figure de la mouvance d'ultradroite locale, Y. M. s'était affiché en première ligne dans le parcage du LOSC, torse nu et tatoué, lors du derby du 18 septembre entre Lens et Lille, qui fut marqué par d'importants débordements.

Interrogé au sujet de Y. M., le propriétaire du Factory certifie qu'il « ne travaillait pas » le soir de l'agression d'Arnaud Lasserre, qui s'est déroulée quatre jours avant les incidents du derby, en Ligue 1. « Pour moi, c'est un employé polyvalent de restauration comme un autre, poursuit Majchrzak. Et on me dit qu'il fait très bien son travail. »

En attendant les avancées de l'enquête, Yannick Lasserre explique que lui et ses proches « ne baisseront pas les bras ». Plusieurs actions de solidarité ont eu lieu, cet automne, en soutien à son frère meurtri. Le défenseur international des Bleus, Benjamin Pavard, natif de Maubeuge (Nord), a également envoyé un message vidéo, début octobre, à cet effet. « La vie d'Arnaud ne sera plus jamais comme avant, anticipe déjà son ami Thomas. J'espère que les responsables vont payer. C'est tout ce que j'espère et c'est tout ce qu'ils méritent. »

À Lens, les fantômes du parcage
Considéré « à risques majeurs » par les autorités publiques, le choc Lens-Lille de ce soir (21 heures, à Bollaert-Delelis), en seizièmes de finale de la Coupe de France, se disputera sans supporters du LOSC, interdits de déplacement par deux arrêtés successifs, préfectoral et ministériel. L'assistance sera également réduite, en raison du retour des jauges (5 000 personnes maximum en extérieur) depuis hier, compte tenu de la crise sanitaire.
Les débordements du précédent derby (1-0 pour Lens), le 18 septembre, lors de la 6e journée de Ligue 1, sont encore dans les esprits. Pendant la pause, des supporters lillois avaient « escaladé les grilles de leur parcage et lancé des sièges en direction de la tribune attenante, composée d'un public familial », rappelle l'arrêté ministériel publié le 30 décembre. Ces heurts avaient été suivis par un envahissement de terrain de la part des supporters du kop du RCL. Le match avait été longuement interrompu et les deux clubs avaient subi des sanctions.
Par ailleurs, deux figures de l'ultradroite nordiste avaient été identifiées dans le parcage du LOSC à cette occasion, parmi d'autres supporters à la réputation très sulfureuse. On y trouvait Y. M., un ex-membre des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR, dissoutes en 2013), qui est périodiquement employé à l'entrée du bar-restaurant The Factory, un établissement fréquenté par une frange violente de supporters lillois (voir par ailleurs), tout près du stade Pierre-Mauroy. Ou encore A. D., ancien chef régional du groupuscule d'extrême droite radicale Troisième Voie, également dissous en 2013. A. Tr.
publié le 3 janvier 2022 à 18h45mis à jour le 3 janvier 2022 à 18h49
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Merci vince.

Ca fait froid dans le dos. Pourtant, j'ai l'impression d'avoir entendu beaucoup plus parler du tifo "offusquant" Lillois Merda que de cette affaire... 

Mais bon, "il fait très bien son travail"... https://www.liberation.fr/france/2017/07/03/noyes-de-la-deule-sur-la-piste-des-skins-lillois_1581342/

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36 minutes ago, West'ier said:

Merci vince.

Ca fait froid dans le dos. Pourtant, j'ai l'impression d'avoir entendu beaucoup plus parler du tifo "offusquant" Lillois Merda que de cette affaire... 

Mais bon, "il fait très bien son travail"... https://www.liberation.fr/france/2017/07/03/noyes-de-la-deule-sur-la-piste-des-skins-lillois_1581342/

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Si vous n'êtes pas fan du body painting, n'en dégoutez pas les autres

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