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[30] Brice Samba


Teddy
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il y a 2 minutes, MisterFraiZ a dit :

Autant il y a un an il y avait des arguments pour choisir le projet niçois, autant là je ne vois pas ce qu'ils ont encore de plus que nous, à part le soleil.

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Entretien paru dans SoFoot de Septembre

ENTRETIEN

Brice a grandi, Brice a changé

 

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Lorsqu’il signe à l’OM en 2013, Brice Samba a 19 ans, il vient du Havre et est annoncé comme l’héritier naturel de Steve Mandanda. Barré en Provence, porté disparu, critiqué et exfiltré en Championship, il est revenu par la grande porte à Lens, où il s’est imposé la saison dernière comme le meilleur gardien de ligue 1. Rencontre avec un revanchard, qui parle désormais de lui à la troisième personne.

Quand as-tu vu ton premier gardien de but ? Très tôt, puisque ça a été mon papa (Brice Samba senior, ndlr). C'était dans un stade en Côte d'Ivoire. Mon père était très adulé, donc c'est forcément un souvenir agréable. C'était un gardien très acrobatique, avec un style assez singulier, qu'on ne reverra certainement plus jamais. Du genre à faire des petites roulades après avoir capté un ballon au sol, ou des acrobaties au moment d'aller attraper un ballon dans les airs. Il a fait la majorité de sa carrière en Afrique, où il a laissé l'image d'un gardien vraiment très spectaculaire. Il a mis sur DVD quelques cassettes de ses matchs, et même si l'image n'est pas la plus nette du monde, j'ai pu me faire une idée précise du gardien qu'il était. Je n'ai jamais revu un gardien comme ça, et aujourd'hui encore, quand il rentre au Congo ou en Côte d'Ivoire, les gens l'arrêtent. Il me disait souvent: “Tu sais, je suis une plus grande star que toi.” Un jour, je suis allé à Abidjan avec lui, et en arrivant, ça a été la folie totale. Les gens sont presque venus le chercher au pied de l'avion, ses bagages ont été sortis en priorité… Effectivement, c'était quelqu'un! (Rires) Il a vraiment marqué son époque, que ce soit dans ses clubs ou avec la sélection du Congo, dont il a été le capitaine et dont il est resté une légende.

Tu es né au Congo, puis tu as grandi en Côte d'Ivoire. Qu'est-ce que tu gardes de ton enfance en Afrique? Une grande insouciance. Il n'y a pas longtemps, j'en parlais avec ma femme et je lui disais que parfois, cette insouciance de la jeunesse me manquait. Quand tu es petit, tu vois la vie différemment, encore plus en Afrique. Aujourd'hui, je vois les enfants avec les tablettes et les téléphones. Ils vont moins dehors qu'à notre époque. Nous, on n'avait que ça à faire pour s'occuper, et je pense que ça a favorisé notre développement, que ça nous a aidés à nous débrouiller plus rapidement. Je me vois encore sur le sable à jouer au foot, faire des galipettes ou m'amuser avec les grosses roues de camion… C'était radieux.

Tu étais déjà gardien sur le sable? J'ai d'abord été un milieu gauche pas mal, avec une bonne patte gauche. Mon père ne voulait pas que je devienne gardien. Il me disait que c'était un poste ingrat, difficile. Moi, je ne comprenais pas, je lui répondais: “Mais papa, pourquoi tu dis ça alors qu'on ne court pas?” C'est en intégrant le centre de formation du Havre, puis en rejoignant le groupe pro, que j'ai vu toute la difficulté du poste.

Qu'est-ce qui est si dur? Quand tu es gardien, tu es à part, tu n'as pas le droit à l'erreur… Un gardien ne pense pas comme les autres joueurs. Il faut être un peu fêlé.

Tu l'as toujours été, toi? Fêlé, peut-être pas, mais ce qui est sûr, c'est que j'étais différent. Ça, je l'ai réalisé bien vite, et aujourd'hui encore, je suis un gardien différent. J'ai toujours eu ce côté décontracté, qui ne se prend pas la tête. Avec l'âge, on change forcément deux ou trois choses, mais jeune, je faisais déjà des gestes que ne font pas d'autres gardiens. J'ai eu des entraîneurs qui ont essayé de faire de moi un gardien plus scolaire, mais je n'ai jamais voulu être un gardien classique. Changer, ça voulait dire ne pas être moi-même, et je ne le voulais pas.

Tu étais poussé par tes parents? Ils étaient là, tout le temps. Mon père, surtout. Ma mère, elle, avait un salon de coiffure, donc elle venait quand elle pouvait. Évreux-Le Havre, ce n'était pas très loin. Ils m'ont toujours poussé, mais ils n'ont jamais été toxiques. Mon papa a évité cette erreur de vouloir me coacher. Il était plutôt dans un accompagnement sur l'aspect mental. Le point sur lequel il pouvait me taper sur les doigts, c'est la concentration, mon body language. J'avais tendance à être nonchalant, ça se voit encore un peu aujourd'hui, mais j'ai pas mal travaillé là-dessus pour ne pas que ça me desserve. On discutait beaucoup sur comment être dans le vestiaire, comment parler aux coachs…

 

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“Parfois, j'ai l'impression que les gens préfèrent les joueurs scolaires, qui font comme tout le monde. Moi, je ne suis pas comme ça: j'aime le joueur qui ose être différent”

Le côté leader, rassembleur, tu l'as toujours eu? J'ai toujours eu ça en moi, oui, déjà à cause de ma voix (rires). J'aime rassembler, prendre la parole. À la maison, j'ai aussi eu très vite ce rôle puisque je suis le grand frère. Chez nous, l'aîné a une très grande place. Il doit montrer l'exemple, réussir… J'ai grandi avec cette petite pression d'exemplarité. D'un côté, ça m'a beaucoup servi. De l'autre, peut-être que je me suis mis une pression un peu excessive. Maintenant, ça a une conséquence visible. Quand je me vois dans les yeux de mes frères et sœurs, je sens que je suis le grand frère qui a fait le boulot, et c'est une grande fierté.

C'est cette quête d'exemplarité qui a fait que tu as peut-être voulu aller trop vite à certains moments? C'est surtout mes qualités qui m'ont poussé à vouloir aller très vite, à être ambitieux. Dans les catégories de jeunes, j'étais très nettement au-dessus. Il y a eu des louanges, il a fallu gérer le fait d'être “talentueux”, donc qu'il y ait des attentes. À certains moments, oui, j'ai peut-être manqué de patience, mais tout ça m'a servi. Avec le recul, il y a des périodes de ma vie où je n'étais pas prêt à affronter tout ça. Les qualités étaient là, mais il y a tellement d'autres aspects à prendre en compte, encore plus quand tu es gardien… J'ai commencé à m'entraîner avec les pros du HAC quand j'avais 14 ans, j'ai signé mon premier contrat pro à 16 ans… Quand je suis parti à Marseille en 2013, je pensais que ça continuerait de s'enchaîner, sauf que… Je n'étais pas prêt pour l'échec. Ça a été le premier de ma vie, et ça n'a pas été facile du tout à gérer. Je me revois appeler mon père, en pleurs, lui dire que je ne comprenais pas pourquoi je ne jouais pas.

Lui me disait toujours d'être patient, que mon heure finirait par arriver. Je pense que c'est vraiment tous ces moments qui ont fait le joueur que je suis aujourd'hui. À l'OM, je suis quand même arrivé derrière quelqu'un comme Steve Mandanda. Un capitaine, international, qui vivait certainement le pic de sa carrière… Sur les deux ou trois premières saisons, je savais qu'il fallait vraiment que Steve se plante sur vingt matchs pour qu'il soit délogé du poste de numéro un. Il avait un statut, tout pour lui, il enchaînait les grosses performances, et inconsciemment, quand j'ai vu que ça allait être limite impossible pour moi, je me suis peut-être un peu moins consacré au foot. C'est là que les choses ont basculé. Le problème a été que j'ai capté que peu importe ce que j'allais faire, le week-end, je serais sur le banc, donc en tant que jeune joueur, je réfléchissais en me disant que je bossais presque pour rien. Heureusement, Stéphane Cassard (entraîneur des gardiens de l'OM de juillet 2014 à juin 2019) m'a beaucoup parlé et m'a notamment dit: “Tu verras, tout ce que tu es en train de faire là, ça te servira plus tard… ” Il avait raison, mais quand tu es jeune, tu n'arrives pas à l'intégrer le “plus tard”. Toi, tu veux tout, tout de suite, maintenant.

Tu as été accompagné un peu à cette période? Pas du tout, non. J'ai connu des grands au Havre, dont Wesley Ngo Baheng, qui travaille aujourd'hui beaucoup sur l'aspect psychologique et l'accompagnement du sportif de haut niveau. Je l'ai entendu parler d'une chose que j'ai vécue: le déracinement. Quand je quitte le HAC, j'ai 18 ans. J'obtiens mon permis le 22 décembre 2012 et je signe à l'OM le 4 janvier 2013. Ma première voiture, c'est donc la voiture du club, et à ce moment-là, je dois habiter tout seul pour la première fois. Le changement est total. Je dois me faire à manger, me gérer, alors que je vivais dans un centre de formation depuis l'âge de 11 ans. On m'a donc toujours assisté, et de 11 ans à 18 ans, je n'ai pas appris à me débrouiller. Et d'un coup, je me suis retrouvé en liberté, j'ai logiquement voulu découvrir des choses que je n'avais jamais connues. J'avais l'argent, j'étais jeune, je jouais à l'OM, tout le monde me connaissait un peu et j'ai profité un peu de ça… Les clubs devraient davantage accompagner les jeunes joueurs qui arrivent dans leur structure. C'est d'autant plus important en 2023, car les joueurs de 18 ans touchent beaucoup plus d'argent que moi à l'époque.

 

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“En Angleterre, je me suis fait incendier. il ne faut pas toucher à la Premier League, donc c’était: ‘Comment ça tu préfères aller en ligue 1?!’ Pour eux, c’était inconcevable”

Il n'y a pas un moment où les anciens de l'effectif essaient de te recadrer quand même? Il n'y en a pas eu beaucoup. Eux aussi pensent à leur carrière, à leur vie, et ils peuvent aussi se dire que le jeune est là pour prendre leur place, donc ils peuvent te laisser faire tes bêtises. Le football a changé là-dessus. Aujourd'hui, je fais partie des anciens, et on parle énormément aux jeunes. On essaie de leur donner des conseils, de les accompagner, de les prévenir. C'était moins le cas à mon époque. Je trouve aussi qu'il y a eu une évolution en termes de respect, de hiérarchie… Avant, dans le bus, le jeune ne s'asseyait jamais en premier. Il attendait que tous les anciens prennent une place avant de s'asseoir. Désormais, je trouve que c'est un peu plus horizontal, il y a plus d'échanges, les relations sont un peu plus normales, quoi. Il y a aussi le fait qu'aujourd'hui, les jeunes jouent beaucoup plus tôt. Au début des années 2010, pour qu'un jeune de 18 ans soit lancé, il fallait vraiment qu'il soit phénoménal.

Qu'est-ce qui t'a aidé à te relever à l'époque? Sortir de Marseille. Les gens ne se rendent pas compte, mais quand ça se finit avec l'OM en 2017, je suis libre et je n'ai rien du tout. J'ai vraiment personne. J'en parle avec mon agent, Meïssa Ndiaye, et je lui demande: “Là, on fait quoi?” Ça a été la période la plus difficile de ma vie. J'étais chez mes parents, je m'entraînais dans mon coin, et pour la première fois de ma carrière, je me retrouvais sans date de reprise. Je regarde des vidéos, je vois des potes qui reprennent avec leur club, je pleure parfois, je discute avec mon père en lui disant que j'étais le mec que tout le monde mettait au plus haut, que désormais, je suis au plus bas, que je ne sais pas quoi faire. Lui a toujours été tranquille, m'a toujours dit de rester fort, mais là, je lui réponds: “OK, mais je reste fort comment?” Partant de là, je me suis promis que je ne voulais plus me retrouver dans cette situation. C'était impossible pour moi.

Certains en ont profité pour t'enfoncer à ce moment-là? Oh que oui… J'en ai vu passer des papiers, j'en ai lu des choses sur moi. Des fausses, des vraies aussi… Je n'étais pas un ange non plus, attention. J'ai ma part de responsabilité dans tout ça. Plus de 50 %, même, parce que si j'avais pris le taureau par les cornes plus tôt…

Fabien Mercadal expliquait qu'à son arrivée à Caen, où tu as signé en 2017, les échos te concernant n'étaient pas bons du tout. Je serai toujours reconnaissant envers ce qu'il a fait pour moi, parce que c'est lui qui a eu les couilles de me lancer. Lui, avec Hervé Sekli (entraîneur des gardiens à Caen de 2018 à 2019, aujourd'hui à Lens avec Samba). Cette saison en ligue 1, en 2018-2019, a été le tournant. Lors de l'été, je lis un papier sur moi où tous les doutes du monde sont émis, puis lors de la première journée, il y a un match au Parc qui vient couronner tout ça. On perd 3-0, je fais deux énormes erreurs…

Tu te dis quoi, à ce moment-là? Honnêtement? Je n'ai pas douté, parce que je sais pourquoi j'ai fait ces erreurs-là. Les risques pris au Parc, ce n'étaient même pas des risques, mais des éléments liés à mon jeu. Je joue de la même manière aujourd'hui qu'à l'été 2018. Si j'avais été faible, j'aurais changé complètement mon style de jeu, mais je me serais renié. Il faut avoir du caractère pour tenir et se relever, parce que ce match face au PSG, c'est le premier de la saison, à 21 heures, face à Neymar et compagnie, donc tu sais qu'il va être regardé par la France entière. Moi, je joue l'un de mes premiers matchs de ligue 1. Je suis sûr que plein d'autres gardiens ne se seraient pas relevés à ma place.

 

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“À l'OM, il fallait que Mandanda se plante sur vingt matchs pour qu'il soit délogé du poste de numéro un. Quand j'ai vu que ça allait être impossible, je me suis peut-être un peu moins consacré au foot…”

C'est là que tu dois avoir un coach qui te soutient quand même aussi, non? Cet été, André Onana a, par exemple, encaissé un but du milieu de terrain lors d'un match de préparation face à Lens et il a tout de suite été critiqué. Parfois, j'ai l'impression que les gens préfèrent les joueurs scolaires, qui font comme tout le monde. Moi, je ne suis pas comme ça: j'aime le joueur qui ose être différent. On tombe souvent sur les gardiens car ils n'ont pas le droit à l'erreur, mais sur le but encaissé par Onana, c'est avant tout l'un de ses défenseurs qui rate sa passe. Certaines fois, jouer haut est pris pour de l'arrogance, mais non, c'est un choix tactique. Moi, je joue haut et j'ose certaines choses parce que c'est mon jeu, mais aussi parce que mon coach me demande de jouer comme ça. Et oui, c'est essentiel qu'il te soutienne. À l'époque, Victor Valdés a aussi été critiqué après quelques erreurs, notamment au pied, mais Pep Guardiola l'a toujours soutenu.

C'est Valdés qui t'a donné envie d'être un gardien proactif, incorporé à 100% dans les circuits de relance de ton équipe? Pas forcément. D'ailleurs, je n'ai pas toujours été le même gardien. À Caen, je dégageais beaucoup, par exemple. Je m'adapte à ce que mes coachs me demandent. Demain, si je joue en équipe de France et que Didier Deschamps me dit qu'il ne veut pas me voir relancer court, je ne relance pas court. Pour un gardien, c'est le plus simple: le ballon arrive, tu dégages en une touche, voilà. À Nottingham, l'année de la montée, j'ai connu deux philosophies au cours de la même saison, et c'est quand Steve Cooper est arrivé que j'ai évolué. Il m'a demandé de jouer plus haut, de participer au jeu. Ça a été une première pour moi et ça s'est très bien passé.

Tu as appris d'autres choses en Angleterre? Beaucoup de choses. J'ai, par exemple, appris à faire le fameux arrêt en croix “à la Neuer”. J'étais avec un entraîneur des gardiens anglais, Danny Alcock, qui m'a appris pas mal de nouvelles techniques, et je m'estime très chanceux d'avoir connu deux écoles de pensée différentes. En Angleterre, c'est l'efficacité qui prime. On te demande de sortir le ballon comme tu veux, donc on t'apprend à gagner en efficacité, ce qui est peut-être un peu moins le cas en France. Après, encore une fois, le poste a énormément changé, Neuer a tout chamboulé…

Tu regardes beaucoup ce que font les autres gardiens? Surtout ceux avec qui je m'entraîne. À la télé, c'est plus compliqué, parce qu'on ne nous voit quasiment pas, mais lors des séances, que ce soit à Lens ou en équipe de France, je regarde ce que les autres font de bien. Des fois, je me dis: “Tiens, j'aimerais ajouter ça… ” Par exemple, je trouve que Jean-Louis (Leca) se relève super vite après un plongeon. Il m'apprend donc quelques petits trucs, des postures… Et je pique. Je ne suis pas un gardien fermé. Si quelqu'un fait quelque chose de bien, je le félicite et je vais essayer de m'en inspirer pour devenir le plus complet possible.

Tu as toujours eu cette capacité à intégrer et appliquer rapidement de nouveaux éléments à ton jeu? J'ai toujours été curieux, ça, c'est sûr. Mon jeu au pied a énormément évolué en Angleterre, mais j'avais déjà une bonne base, que Bielsa m'a notamment fournie quand j'ai travaillé brièvement avec lui à l'OM. C'est quelqu'un qui intègre beaucoup ses gardiens aux conservations, à son murderball (célèbre exercice du Loco, avec trois équipes de cinq à huit joueurs, où le ballon ne s'arrête jamais et où l'intensité est extrême). Il avait des circuits de passes très clairs. On répétait: porte 1, porte 2, porte 3, et à “4”, je devais relancer mi-long. Ce dégagement, avant Bielsa, je ne le connaissais pas. Pour moi, c'était impossible qu'un gardien relance mi-long, sur son 6, juste au-dessus de l'attaquant adverse. Ça me paraissait être une prise de risque incroyable! Ça a été compliqué au début, mais au final, quand tu le maîtrises, c'est utile et ça rend plutôt bien. À Lens, j'ai retrouvé ça aussi puisque je suis souvent intégré aux conservations.

C'est cette responsabilité dans le jeu qui t'a fait venir à Lens? Déjà, Lens a bien fait les choses dans l'approche, les discussions. Il y a eu un appel avec le coach, avec Flo Ghisolfi (aujourd'hui directeur sportif à Nice), un projet de jeu présenté clairement… Ça a été décisif, parce que si on est francs, il fallait en avoir pour quitter l'Angleterre alors que j'allais être titulaire en Premier League. Je pense que peu de joueurs auraient pris cette décision à ma place. Mais pourquoi Lens? D'abord, parce que le jeu. Je me souviens avoir vu un Marseille-Lens, en septembre 2021 (2-3) et m'être dit: “Oh, c'est quoi cette équipe?!” Tout était super fluide. Ensuite, parce que le public. J'avais joué un amical avec l'OM à Bollaert en juillet 2013 et j'en gardais un énorme souvenir. Lens a été un choix naturel, mais un choix de bonhomme. Financièrement, j'allais gagner trois fois plus à Nottingham, j'aurais pu choisir ce confort, avec un beau contrat, mais non, je sentais que je devais revenir en France.

Pourquoi ? Par rapport à ce qu'il s'est passé à l'OM, à Caen, à des choses que j'ai lues… Il y a des choses qui ne m'ont pas plu que je ne peux pas dire, mais en tout cas, à 28 ans, je me sentais prêt à revenir après trois saisons passées à Nottingham, pour montrer le visage du vrai Brice.

Là-bas, est-ce qu'ils ont compris ton choix? Pas vraiment. Je me suis fait un peu incendier (rires). En Angleterre, il ne faut pas toucher à la Premier League, donc c'était: “Comment ça tu préfères aller en ligue 1?!” Pour eux, c'était inconcevable, mais je suis différent. Sur 100 joueurs, seuls 2 % auraient fait comme moi. J'avais tout pour rester là-bas: j'étais bien, j'étais adulé parce que j'avais été le héros de la montée. Je n'ai aucun regret, car tout ce que Lens m'avait présenté s'est réalisé, et c'est aussi le club qui m'a permis d'être reconnu dans mon pays aujourd'hui.

Quand as-tu compris que c'était vraiment le bon choix ? Quand dès l'été tu fais un match amical face à l'Inter dans un Bollaert rempli à ras bord, déjà… Puis ça se répète, et au quotidien, tu vois la passion des gens pour ce club, donc tu es obligé de comprendre que tu es privilégié de jouer dans un tel endroit. Jouer dans des stades pleins, dans une ville qui vit pour son club, c'est ça la beauté du foot. Tu ne peux pas ne pas t'épanouir. J'aime trop ces moments-là. Il n'y a pas mieux pour un footballeur de haut niveau.

 

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“J’ai à cœur de prouver que ce qu’on disait sur moi plus jeune n’était pas que du vent. Je n’aurais pas accepté d’avoir un destin où on se serait dit: ‘Ah, Brice Samba, c’était un crack, mais…’ J’aurais eu horreur de ça”

Qu'est-ce que tu as pensé de la ligue 1 que tu as retrouvée? Honnêtement, le niveau est très, très haut et je pense que la ligue 1 est plaisante à regarder. La seule différence avec l'Angleterre, c'est l'intensité. Là-bas, ça envoie à tous les instants, ce qui rend les matchs plus spectaculaires, mais c'est plus dur de jouer en ligue 1 car c'est plus tactique, les joueurs courent plus vite, sautent plus haut… Tu as plus de contextes tactiques différents à affronter, plus de clés à trouver.

Tu as dû changer des choses pour te mettre au niveau? J'ai essayé de ramener la niaque de Championship. Là-bas, c'est 46 matchs par saison. C'est presque comme si tu jouais dans un club qui dispute la ligue des champions. Mes coéquipiers n'étaient jamais fatigués! Ils étaient toujours à 100% et j'ai appris à être comme eux. Ce n'est qu'une question de mentalité.

C’est-à-dire? Je ne suis jamais satisfait. Jamais, jamais, jamais. Je suis chiant là-dessus, je le sais, et même quand je fais un bon match, je refuse de m'en satisfaire. C'est dur à vivre hein, ça demande une énorme énergie mentale, mais ça m'aide à rester focus. Je kiffe être fatigué mentalement. Quand c'est le cas, c'est que j'ai bien fait le boulot. Inconsciemment, l'être humain se relâche, mais il faut lutter contre ça. Peut-être que je suis aussi comme ça à cause de mon parcours: j'ai à cœur de prouver que ce qu'on disait sur moi quand j'étais jeune n'était pas que du vent. Je n'aurais pas accepté d'avoir un destin où on se serait dit: “Ah, Brice Samba, c'était un crack, mais…” J'aurais eu horreur de ça.

Tu revois tes matchs, du coup? Tout le temps. J'aime me questionner: pourquoi j'ai réagi comme ça sur cette action et pas autrement? Comment régler ça pour la prochaine fois? Sur chaque but encaissé, je me dis que j'aurais pu modifier quelque chose. La vidéo, c'est venu en Angleterre. J'en ai bouffé, mais ça m'a servi. Franchement, je conseille à tous les joueurs de se revoir à la vidéo. C'est précieux pour la progression.

En parlant de progression, cette saison, Lens va jouer la ligue des champions. En préparation, vous avez perdu contre Manchester United (3-1). Qu'est-ce que tu en as retenu? On a été fiers de nous, même si on a pris trois buts en dix minutes, ce qui nous a rappelé qu'à ces hauteurs-là, c'est plus que jamais une affaire de détails. Ça m'a rappelé le match face au PSG la saison dernière, et on en a parlé. Le moindre relâchement est puni. Le secret est de ne jamais se sentir bien face à ces équipes-là (rires). Par contre, on a aussi pu avoir une nouvelle confirmation qu'avec notre style de jeu, on peut voyager. Quand tu as une telle base, tu peux aller n'importe où. On sait que ça va être difficile, mais on est prêts.

C’est ça qui te pousse à rester à Lens ? Ça et le fait que le club retrouve l'Europe. Après la saison dernière, vivre celle qui arrive va être inoubliable. J'ai envie de ça, en plus, je vais le vivre avec plus de responsabilités puisque j'ai été nommé capitaine. Le brassard, ce n'est qu'un bout de tissu, mais il veut dire beaucoup. Ça prouve que Brice a grandi, que Brice a changé, c'est une belle marque de reconnaissance de la part du club et du coach.

Quand Deschamps te convoque, tu le prends aussi comme une forme de reconnaissance? Je l'ai simplement vécu comme une première, même si je suis arrivé avec pas mal de bagages. Il m'a convoqué en tant que numéro trois et ça n'a rien changé à ma façon de penser. Numéro trois, numéro deux ou numéro un, je vais me donner à fond, mais c'est le gratin du foot français, donc y a naturellement une fierté. Jeune, on a tous rêvé de ça. Maintenant, l'objectif est de rester le plus longtemps possible.

Par Maxime Brigand, à Lens / Photos : Guillaume Cortade pour So Foot
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Brice Samba (Lens) sur son passage en Angleterre : « Ça m'a fait totalement changer »

Brice Samba, gardien et capitaine du RC Lens. (Alain Mounic/L'Équipe)

À l'occasion de son retour en Angleterre ce mercredi pour affronter Arsenal en Ligue des champions (21 heures), le gardien et capitaine de Lens Brice Samba explique comment ses trois saisons en Championship avec Nottingham Forest l'ont transformé.

Nathan Gourdol et Romain Lafont, à Avion (Pas-de-Calais)mis à jour le 28 novembre 2023 à 19h13
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Il y a dix-huit mois pile, Brice Samba entrait dans l'histoire du foot anglais à Wembley en validant contre Huddersfield (1-0) la remontée de Nottingham Forest en Premier League, après vingt-trois ans d'absence. Habitué aux contre-pieds depuis le début de sa carrière, le gardien (29 ans) quittait dans la foulée son nouveau royaume pour s'installer à Lens, qu'il a contribué à ramener en C1 au bout d'une saison époustouflante. Désormais international, le capitaine des Sang et Or s'est confié à L'Équipe pour raconter son ascension, qui a pris racine durant ses trois saisons anglaises.

 
 

« Pourquoi aviez-vous signé à Nottingham Forest en D2 anglaise en 2019 ?
J'avais quelques sollicitations en L1 après ma saison avec Caen. Mais je suis quelqu'un qui aime découvrir de nouvelles choses. Il y a eu beaucoup de réflexion avec mon entourage, mon agent. Et, avec ma femme, on a pensé, pourquoi pas repartir d'une feuille blanche ? C'est ça qui m'a attiré. Et c'est vraiment ma femme qui m'a fait prendre cette décision.

Quel est votre premier souvenir ?
Je signe le jeudi soir, je fais un entraînement vendredi et on voyage, on jouait le samedi chez le Leeds de (Marcelo) Bielsa. Le coach (Sabri) Lamouchi me convoque : "Tu viens d'arriver, tu as voyagé, donc ce serait mieux que tu ne joues pas ce match". Et au final, je lui ai donné raison parce que j'ai été choqué par l'intensité, l'engouement... En plus, on jouait à 12 h 30, donc le repas complètement différent, les repas anglais, on les connaît... Et le bruit que le stade faisait... Je dis, ah ouais, là c'est vraiment différent. Au fond de moi, je me suis dit : j'ai bien fait de ne pas commencer ce match.

Vous ne jouez pas en Championnat avant la 4e journée...
Je quitte la France, je viens en D2 anglaise, si je ne joue pas, je peux m'enterrer... Je prends mon mal en patience. Et c'était une bonne chose, parce que peut-être que si le coach m'avait mis dès le début, ça ne se serait pas passé aussi bien. Je fais trois matches sur le banc, mais je joue en Coupe (de la Ligue) trois jours après Leeds, contre une D3 (Fleetwood), on gagne au City Ground (1-0), les fans me découvrent. Il y avait beaucoup de curiosité : qui c'est, ce gardien ? On a déjà trois pros sous contrat... Il y avait (Arijanet) Muric, prêté par Manchester City, (Costel) Pantilimon... Je vois que la porte n'est pas si ouverte que ça, même en D2. Cela m'a sûrement aidé à me surpasser et arracher ma place de titulaire.

 
 

Votre premier match de Championship a lieu à Londres...
Fulham, un samedi à 15 heures. On avait joué le mercredi à Charlton (1-1), on était restés à Londres. Le vendredi, on fait une petite balade d'équipe, le coach me lance : "Je pense que tu es prêt". Cette journée, elle passe vite. Il y a la boule au ventre de découvrir, l'impatience de commencer. Ça s'est plutôt bien passé : on gagne face à un prétendant à la montée (2-1) et je fais un très, très grand match. C'était parti. Ensuite, mon intégration s'est faite naturellement, malgré la barrière de la langue. Je ne suis pas quelqu'un de timide. Avec mon anglais fatigué, je me débrouillais. Et Samba Sow m'a beaucoup aidé. J'ai été frappé par la mentalité du vestiaire. Dès que tu signes dans leur club c'est on est tous ensemble, dans le même bateau.

Le lien avec les fans s'est fait tout de suite ?
Oui, car dès que j'entre dans l'équipe, on se met à gagner. Les fans voient que j'apporte une touche différente avec mon jeu au pied, mon calme. Ils ont aimé ça. J'ai moi aussi aimé cet échange avec eux, les célébrations des buts à l'anglaise. J'aimais beaucoup me retourner vers eux avec les poings serrés. Ce lien que j'ai eu, il est extraordinaire... Je vous en parle et j'ai la chair de poule, parce que ce que j'ai ressenti, ce qu'ils m'ont donné, c'est indescriptible. À ce moment-là, pour moi, c'était les meilleurs fans du monde.

Vous disputez là-bas un derby méconnu ici, contre Derby County.
C'était chaud. Je n'en ai pas perdu (en 7 matches). D'ailleurs, juste après Fulham, je joue un match de Coupe contre eux et on gagne 3-0. Je pense que c'est de là qu'est née ma relation avec les supporters. C'était leur Paris-Marseille à eux.

Il y en a aussi un où vous terminez avec un immense bandage, en janvier 2022...
Il y a un choc à la tête, genre à la 40e. J'ai un oeuf de pigeon incroyable. Mes parents et ma femme sont dans les tribunes. Je leur fais un signe, je suis sonné, je veux sortir. Ma femme m'appelle pendant la mi-temps, sauf que j'étais avec le doc. Et le coach Steve Cooper lâche : "Brice, tu ne sortiras pas". Il y avait 1-0, le match était vraiment tendu et il a dit au doc de trouver une solution. Il s'exécute et me lance : "Je vais t'opérer". Comment ça, opérer ? "Oui, je vais t'opérer". Il m'allonge, avec des draps autour de moi, prend une aiguille longue comme ça (il mime) et me pique au milieu de l'oeuf. Le sang a giclé de partout. J'avais mal à la tête, ça avait fait un peu polémique. Finalement, j'ai bien fait de rester...

Vous vous souvenez de l'échauffourée générale à la fin ?
On mène 2-0, ils ont un penalty à la 85e. Le mec le marque, mais je connais la notion de momentum, comme ils disent là-bas. Je sais que quand un adversaire revient au score comme ça, il faut casser le rythme. Du coup, je me suis empoigné avec quelqu'un dans les filets, ça m'a rendu un peu culte. Même si les fans m'aimaient déjà, cela a encore renforcé le lien.

Peu de temps après, vous êtes expulsé contre Stoke...
On approchait de la fin de saison, on sentait la tension. J'ai peut-être été un peu pris par mes émotions. Là-bas, les arbitres ne protègent pas les gardiens sur les corners, et (Phil) Jagielka l'a joué à l'expérience, en venant me titiller à chaque fois. Sur un corner, j'ai pété les plombs, je lui ai mis un petit taquet (dans la nuque), c'était gentil, il a bien joué le coup en tombant et j'ai pris le seul et unique rouge de ma carrière.

Il y a enfin cette demi-finale retour de barrage contre Sheffield (il sort 3 tirs au but). Est-ce la plus grosse émotion de votre carrière ?
Incontestablement. Quand j'arrive en Angleterre, je dis aux gars : on va monter. Joe Worrall, l'actuel capitaine, m'a lancé : "Tu sais depuis combien de temps on n'est pas montés ? On est maudits". Je lui réponds : tu vas voir, avec moi, ce sera différent. J'ai toujours eu ce truc dans un coin de ma tête, je voulais vivre quelque chose de fort. C'est la raison pour laquelle sur ce match-là, je me suis transcendé. J'avais parlé, il fallait que j'assume.

« Pour moi il vaut mieux aller en Championship plutôt que de jouer la deuxième partie du tableau en L1. C'est beaucoup plus formateur »

Brice Samba

 
 
 

L'Angleterre vous a-t-elle permis d'assumer votre caractère ?
C'est là-bas que je me suis découvert en tant qu'homme. C'est un Championnat très difficile, très formateur, 46 matches, plus les Coupes. J'étais un peu un feu follet avant d'aller là-bas, et j'ai franchi un cap au niveau mental. Jouer tous les trois jours, l'exigence fixée car tous les stades sont pleins, celle des propriétaires qui te font comprendre qu'il faut monter... Tout cela demande beaucoup d'énergie. Comme je le dis à mes coéquipiers, pour moi il vaut mieux aller en Championship plutôt que de jouer la deuxième partie de tableau en L1. C'est beaucoup plus formateur. Pour rien au monde je ne regrette ce choix. C'était magnifique, ça m'a fait totalement changer. Et mes deux filles sont nées là-bas.

Pourquoi avoir quitté l'Angleterre pour Lens, alors ?
Mes coéquipiers m'ont dit : "Tu es fou, tu es adulé dans cette ville, limite tu ne paies plus rien si tu vas manger quelque part, pourquoi tu partirais ?". Mais c'était un choix. J'avais quitté la France sur un petit goût d'inachevé, je voulais montrer, je me sentais prêt à revenir au pays. Le relationnel avec Franck Haise (l'entraîneur) et Florent Ghisolfi (l'ancien directeur sportif, aujourd'hui à Nice) a aussi joué. Y retourner un jour ? Pourquoi pas... Pourquoi pas découvrir la Premier League si l'opportunité vient ? Je ne fermerai pas la porte.

Vous quittez Londres sur un barrage de D2 à Wembley, vous revenez en C1 à l'Emirates avec le statut de capitaine du Racing. C'était écrit ?
Je suis très croyant. Je savais qu'une fois que je mettrais les choses en ordre, tout se passerait bien. À partir du moment où j'ai pensé football tous les jours, les qualités sont ressorties naturellement. Le statut m'importe peu, honnêtement. Mais ça reste une petite fierté au fond de moi d'avoir changé la vision des gens. Je me souviens de comment certains m'ont qualifié à l'époque. C'est une petite victoire.

Ce brassard, comment l'avez-vous accueilli ?
Avec beaucoup de joie. Le coach a vu que je faisais partie des cadres, de par mes performances, l'aura que j'avais sur les autres, ma grosse voix... (rires). Cette âme de leader, je l'ai toujours eue. Je n'ai rien changé. Je peux paraître chiant pour les autres. Récemment Jo (Jonathan) Gradit m'a fait la remarque, à 4-0 contre Nantes, il restait trois ou quatre minutes et j'étais encore à crier derrière eux.

« Je suis un capitaine à la Samba, avec ma personnalité. J'essaie d'apporter tout mon vécu, mon parcours. Je ne veux jamais rien lâcher, mais c'est la mentalité ici. Elle est exceptionnelle »

Brice Samba

 
 
 

En quoi êtes-vous un capitaine différent de Seko Fofana ?
On sait ce qu'il a fait pour ce club, personne ne pourra le refaire. On a échangé sur ce rôle. On est différents, de par nos caractères, nos postes. Seko (parti cet été à Al-Nassr, ARS) ne prenait pas trop la parole dans le vestiaire, c'était déjà plus moi. Je suis un capitaine à la Samba, avec ma personnalité. J'essaie d'apporter tout mon vécu, mon parcours. Je ne veux jamais rien lâcher, mais c'est la mentalité ici. Elle est exceptionnelle.

« Le poste de gardien est tellement ingrat que si tu montres une faiblesse, tu vas en prendre cinq »

Brice Samba

 
 
 

Quelles ont été vos émotions lors de votre première en Ligue des champions à Séville (1-1) ?
J'ai vécu ça assez calmement. Je pars du principe que c'est une nouvelle compétition, qu'il faut que je croque dedans. Comme avec l'équipe de France, c'est nouveau pour moi. Ce n'est que de la pression positive. Même après le premier but encaissé (9e), je ne me suis pas affolé. Le poste de gardien est tellement ingrat que si tu montres une faiblesse, tu vas en prendre cinq.

Contre Arsenal (2-1), vous avez été l'un des héros, avec des arrêts qui ont marqué...
Celui du pied sur (Takehiro) Tomiyasu est le plus spectaculaire (66e), tout le monde m'en a parlé. Mais ce n'est pas le plus difficile. Je ne dirais pas que je suis un peu chanceux, mais elle vient sur moi quand même, il faut faire le geste. Mais il y a un arrêt bien plus compliqué à 1-0, celui sur Kai Havertz (20e).

Cet exploit est-il votre meilleur souvenir avec Lens ?
Non, ce qu'on a vécu la saison dernière, c'était assez fort. Mon meilleur souvenir, c'est plus le fait d'avoir ramené le RC Lens en Ligue des champions vingt ans après. Quand on regarde, je fais déjà partie de l'équipe qui fait monter Nottingham après vingt-trois ans... C'est bien, je suis dans les livres d'histoire des clubs. Ça m'intéresse plus qu'une victoire ou une belle performance. »

publié le 28 novembre 2023 à 17h49mis à jour le 28 novembre 2023 à 19h13
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Lens - PSG : « Je suis plus épié, plus regardé », sait Brice Samba

Le gardien et capitaine du RC Lens s’est confié dans une longue interview. Où il est question du PSG, qui va être reçu ce dimanche (20 h 45), de duel psychologique, de mental et aussi des critiques, justifiées ou pas, qui l’éreintent parfois le groupe et lui…

Affronter le PSG, ça vous fait saliver ?

« Honnêtement non. C’est une équipe de grande qualité, bâtie pour gagner la Ligue des champions. On a eu la chance de jouer cette compétition cette année, on a affronté des adversaires de haut niveau. On sait très bien à quoi s’attendre et les ingrédients qu’il faudra y mettre. Je ne dirais pas saliver, on les joue chaque saison, pas comme Arsenal que tu joues une fois tous les cinq ou dix ans. Peut-être que les médias en parlent plus mais moi je le prépare comme j’ai préparé Monaco et tous les autres matchs, avec sérieux, détermination, la même envie de vouloir gagner et apporter le maximum à l’équipe. »

Vous aviez glissé quelques mots à Youssouf Fofana dimanche lors de la séance de tirs au but contre Monaco avant qu’il ne tire son penalty, qu’il a raté. Est-ce qu’avoir des internationaux français en face, Mbappé, Dembélé, Kolo Muani, Zaïre-Emery… c’est différent pour vous désormais ?

« Je les connais mieux et plus, mais je ne m’entraîne pas tous les jours avec eux quand même. Ça me fera plaisir de les revoir. Avec la bande du PSG, on est assis ensemble à table en équipe de France, c’est sympa. On mettra les petites émotions de côté et pourquoi pas aller se checker à la fin du match. C’est même possible qu’on ne se calcule pas avant le coup d’envoi. Mais ce n’est pas quelque chose que j’attends avec impatience. Et je ne suis pas un gardien qui bluffe, Youssouf, je lui ai juste glissé un petit mot et fait ce petit jeu-là parce qu’on se connaissait. »

Ce n’est pas le même choc, deuxième contre premier qu’il y a un an, pas la même situation, mais ce match, après deux défaites, à Nice, en L1, puis contre Monaco en Coupe, est-il un tournant quand même ?

« Je rectifie, Monaco ce n’était pas une défaite, mais un match nul (2-2 avant les tirs au but). Ce n’est pas un tournant, c’est juste que le championnat reprend, c’est la deuxième partie de saison, on veut faire mieux que la première. On a conscience des lacunes qu’on a eues. On travaille très dur, même si ce n’est pas évident avec ce froid et sur synthétique, pour faire la meilleure deuxième partie de saison possible, on sait de quoi on est capables. Pendant une heure, on a su étouffer une grande équipe comme Monaco. On va mettre nos ingrédients, devant notre public qui sera chaud bouillant comme toujours. On sait qu’il ne faudra pas faire les 25 premières minutes qu’on a faites contre Monaco, parce que contre Paris, ça ferait peut-être 3 ou 4. »

Vous avez dit après Monaco que l’équipe était en bon chemin. Lens en a-t-il encore sous le pied ?

« Comme le coach nous l’a dit, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas asphyxié une équipe de cette manière, surtout à la maison, ça nous a fait un peu penser à la saison dernière. À domicile, il y avait un élan, on se rendait les matchs faciles. Qu’on ait pu faire ce match, surtout après avoir été menés 0-2, qu’on ait eu cette force de caractère, c’est positif. Avec un petit brin de réussite, on n’allait pas aux tirs au but. C’est le football. On est un groupe qui continue d’apprendre, même si on a joué la Ligue des champions, qui nous a apporté beaucoup d’expérience. On a conscience des choses, de nos lacunes. Les critiques, on les entend, elles sont justifiées ou pas parfois mais c’est la vie du football. Mais nous, on est très soudés dans le vestiaire. Et on sait très bien de quoi on est capables même si parfois, on peut être durs entre nous. On sait se dire les choses, le haut niveau, l’exigence, le demandent. On n’est pas parfaits, on fait des erreurs, on fait des choses bien mais le plus important c’est d’être à 100 %, de se mettre en capacité de faire quelque chose de grand. »

Quelles sont les critiques que vous trouvez justifiées et les autres pas ?

« Je vais m’arrêter sur Monaco, le plus frais. Les quatre actions qu’ils ont, c’est suite à des pertes de balle. On essaye de rectifier, mais un match sans erreurs, il n’y a pas de buts. C’est le lot du football et de notre jeu qui le veut : je peux très bien dégager le ballon à chaque fois dès que je le reçois, mais non, nous, on essaye de construire, de repartir de derrière. Ce sont des choses évitables, les critiques sont justifiées. Après, il y a les choses qu’on entend, chacun est libre de penser comme il veut, nous en tout cas, on est droits dans nos pompes, on sait ce qu’on fait de bien ou pas. Ce que les gens doivent savoir, c’est que le joueur est plus impacté qu’eux. J’aimerais insister là-dessus, les gens pensent peut-être qu’on s’en fout, qu’après une défaite, on sourit, on est content, non pas du tout : c’est nous les acteurs sur le terrain, c’est nous qui sommes ciblés, c’est nous qui voulons gagner des matchs. Peut-être qu’ils font l’amalgame par rapport à l’argent qu’on gagne, ils pensent qu’on zappe plus facilement, mais croyez-moi, ce n’est pas très agréable pour ma femme quand on perd. Mais ça fait partie de notre métier, il est tellement médiatisé, on ne va pas se plaindre. »

Quels sont vos objectifs, personnels et collectifs. Vous vous êtes fixé des challenges pour la deuxième partie de saison ?

« Sur le plan collectif, non, on n’en a pas spécialement parlé, on veut juste faire mieux que la première partie. On est tous sur la même longueur d’onde. Sur un plan personnel, toujours faire mieux. Le plus dur, ce n’est pas de faire un bon match, c’est de le répéter. Tu reçois des éloges à droite à gauche, tu planes un peu, tu es sur ton nuage, il faut vite redescendre pour basculer sur le match d’après. »

Comment évaluez-vous votre première partie saison ? Avez-vous été assez décisif à votre sens ?

« Je suis plus épié déjà, pas de débat là-dessus, plus regardé. Les gens regardent plus les petites conneries, et c’est normal, parce que j’avais mis la barre haut la saison dernière. Le plus dur, c’est de le refaire et dieu seul sait que ce n’est pas si facile que ça, Mais je suis quelqu’un qui ne se prend pas la tête, je suis en paix avec moi-même, je fais le nécessaire pour être bon le week-end. Malheureusement, je ne suis pas un robot, ou une machine, pour être bon tous les week-ends. Mais je la trouve bonne, ma première partie de saison, il faut continuer, on peut toujours mieux faire. »

Que vous ont appris les séquences européennes et internationales ?

« Je ne vais pas dire que je suis encore un gardien accompli, ce serait mentir, mais mes années anglaises, en Championship, le fait de jouer tous les trois jours, et c’est ça le plus dur et le plus usant mentalement, remettre le couvert tous les trois jours, l’exigence tous les trois jours, m’ont servi. Quand tu joues tous les trois jours, les bobos, tu les gardes, un petit cachet et ça repart. J’ai encore appris sur l’exigence, ce sont des matchs de haut niveau, c’est sûr mais ce n’est pas quelque chose qui m’a fait changer. »

Quels sont vos axes de progression ?

« Je ne vais pas tout dévoiler… Je peux progresser partout. Seko (Fofana) disait souvent que chaque match a sa vérité, avec des situations nouvelles, donc tu apprends. C’est en jouant le maximum de matchs que je serai vraiment un gardien accompli, et complet. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre mais je pense que je suis sur le chemin si je continue avec cette rigueur-là pour aller le plus haut possible. »

Vous avez impressionné lors des tirs au but contre Monaco. 3 arrêtés, ce n’est pas anodin. Comment les travaillez-vous ? On a parfois eu l’impression de voir un gardien de handball dans le duel psychologique, en jouez-vous ?

« Je kiffe tout simplement les séances de tirs au but. Parce que le gardien n’a rien à perdre. Le tireur en face de moi a peut-être 95 % de chances de marquer : un penalty bien tiré, c’est toujours but donc tu essayes de le déstabiliser pour qu’il tire le moins bien possible et que tu aies une chance de l’arrêter. Je ne joue pas de ça, mais ça fait partie du truc. J’aime bien prendre possession de cet aspect-là, parce qu’il faut être acteur. J’en ai arrêté trois, j’espère que la prochaine fois, ça suffira pour nous qualifier. Pour les travailler, ce n’est que de la vidéo, essayer de prendre quelques habitudes des tireurs, mais eux savent aussi qu’ils sont regardés. C’est un petit jeu psychologique. J’avais ma gourde (avec quelques notes inscrites dessus NDLR), je l’ai regardée une fois avant de rentrer au vestiaire, pour le premier. J’ai pris but, j’ai donné la gourde à un ramasseur de balle puis j’ai fait au feeling. C’est quelque chose qui me réussit bien. Je ne me rappelais plus mes dernières stats (3 déjà arrêtés contre Sheffield en demi-finale de playoffs avec Nottingham Forest, 4 en février 2018 en 1/8e de coupe avec Caen contre Metz), c’est gratifiant. Mais on n’a pas des séances de tirs au but tous les jours… »

Vous êtes capitaine cette saison, comment envisagez-vous ce rôle et a-t-il changé votre relation à vos partenaires, au coach ?

« Ça n’a rien changé à mon quotidien, à la relation que j’ai avec les gars et au staff. L’année dernière, j’étais parmi les quatre cadres, je parlais déjà au coach. J’ai le brassard bien sûr, les gens m’appellent capitaine, mais ça, je m’en fous. Je suis là pour gagner des matchs, j’essaye d’apporter mon côté compétiteur au groupe. Si vous demandez à tout le monde, peut-être qu’ils diront que j’abuse de la compétition : je veux tellement tout gagner que parfois je suis un peu chiant. C’est ça que j’apporte, ce côté pousser les mecs dans leurs retranchements, parce que le football de haut niveau, c’est surtout l’aspect mental. Si tu es à 100 % dans la tête, tu as beaucoup plus de chances de remporter un match. L’aspect technico-tactique, c’est le coach qui gère, moi, je suis là pour essayer de motiver tout le monde même s’ils le sont déjà tous, mais sur les petits détails, apporter mon expérience. C’est notre essence, si tu veux te démarquer, ça passe par le travail, la rigueur au quotidien et surtout l’aspect mental. Je le répète tout le temps au point d’en saouler certains au vestiaire. Mais c’est quelque chose que j’ai bien appris, bien compris surtout : quand dans ta tête, tu es bien, quand tu mets tous les ingrédients le week-end, tu as plus de chances de réussir des matchs que d’en louper. »

Ce mental est nourri par votre expérience, mais le travaillez-vous avec quelqu’un ?

« On en parle avec le préparateur mental mais c’est plus avec mon père (prénommé Brice également, ancien international congolais). Il est à tous les matchs à Bollaert, parfois à l’extérieur aussi, on échange tout le temps, avant les matchs, après. Il me demande comment je me suis senti, me dit s’il m’a senti un peu moins concentré ou pas. Il ne me parle que de l’aspect mental, alors qu’il a été gardien, mais il ne me parle jamais de ballon. Il me dit souvent le bon dieu t’a donné le don d’être gardien de but, j’ai un talent, tu l’as aussi, je ne suis pas là pour te dire de dégager comme ci ou comme ça. Parce que tu peux avoir le meilleur don du monde, si dans la tête, ça ne suit pas, tu n’arriveras pas à faire ressortir ce talent. »

Il vous tenait déjà ce discours quand vous étiez plus jeune ?

« Ah oui ! Je l’ai trouvé dur parce qu’il me répétait souvent que je n’avais pas le droit à l’échec, quand j’avais 13 -14 ans, qu’avec mon talent, je ne pouvais pas me permettre de ne pas réussir. Je ne le redirai pas à mes enfants, mais avec moi, mon caractère, c’est ce qu’il fallait dire. J’ai eu un moment de relâchement aussi dans ma carrière, à Marseille, je lui donne raison maintenant d’avoir été aussi dur avec moi. Je m’épanouis plus, je réalise mon talent, ce que je suis capable de faire. Ça aurait été dommage, c’est vrai, de tout gâcher pour des conneries de jeunesse. »

Vous adhérez toujours à ces discussions à près de 30 ans alors que vous être désormais aussi devenu international ?

« Bien sûr, fils – papa, cette relation elle ne bougera pas, elle restera intacte. Mon père a joué à haut niveau aussi, il a plus de 120 sélections, il était capitaine aussi. Et ce n’est pas facile d’être capitaine d’une sélection nationale, c’est encore autre chose, c’est tout le pays. C’est quelqu’un que j’écouterai toujours, c’est un cadeau de dieu pour moi d’avoir quelqu’un qui a ce vécu, qui a fait des erreurs et m’empêche d’en faire. Je kiffe quand je le vois, à l’échauffement ; quand je regarde en tribune, c’est lui que je cherche. Même le premier penalty que j’arrête, je lève le ballon, c’est pour lui. Il y a une connexion. C’est kiffant ce genre de relation, c’est top. »

Comment progresse Elye Wahi selon vous et comment vit-il ce qu’il se passe autour de lui, attentes, sifflets parfois ?

« Nous, on s’en occupe, en interne on est derrière lui, parce qu’on a confiance à 1000 %. Moi, j’ai confiance à 10 000 % dans ce garçon, parce qu’il est pétri de talent. Je vais revenir sur l’aspect mental, mais ça se joue à rien, il suffit d’un petit déclic et je reste persuadé dès qu’il va en mettre un deux, il va enchaîner, ça va faire comme la mayonnaise. Il sort de Montpellier, que je ne dénigre pas, mais nous, on a joué la Ligue des champions, on n’a pas joué contre des peintres non plus. Ça a été l’un des meilleurs avec nous dans cette campagne. À Arsenal, on avait tous coulé, pas lui et c’est fort à 20 ans de faire déjà ce qu’il fait. Les gens regardent son prix, ils veulent qu’il marque 60 buts mais ce n’est pas comme ça la vie du footballeur, il y a un être humain aussi derrière. Ces sifflets le touchent quand il sort, il sait qu’il n’a pas bien fait, qu’il aurait pu mieux faire. Mais c’est le football qui veut ça, des mecs comme Messi qui se font siffler, pour moi c’est incompréhensible. Je vais prendre mon cas aussi, l’année dernière je n’entendais rien mais cette saison, dès que tu fais un petit truc moins bien, les gens te tombent dessus. Ils nous prennent pour des robots. Le football veut ça et ça va être de pire en pire. Comme je dis à Elye, il faut qu’il soit fort. Nous, on est là, on est avec lui. Quand il va marquer un but, je sortirai du but pour aller le féliciter. On est confiants. J’aimerais demander à chacun ce qu’il faisait à 20 ans. Les gens ont du mal à entendre. Il a mis 19 buts la saison dernière, tu ne les mets pas par chance. »

Voix du Nord

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