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[28] Adrien Thomasson


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RC Lens : « Je ne me suis pas mis plus bas que terre », comment Adrien Thomasson s’est relevé

Le milieu de 31 ans est passé d’un temps de jeu réduit à la portion congrue en début d’année à meilleur et plus régulier Lensois cette saison, au poste de relayeur où Will Still l’a installé. Une force de caractère et un rebond qui en font notre joueur lensois de l’année.

Adrien Thomasson dans le hall de la Gaillette. PHOTO SEVERINE COURBE

Adrien, que vous inspire cette distinction individuelle ?

« C’est gentil… Je ne m’y attendais pas du tout, avec l’année que j’ai eue, surtout sur les six premiers mois. Même si je suis très porté vers le collectif, c’est toujours appréciable et ça montre que rien n’est figé, qu’avec le temps, le travail, la patience aussi, la résilience, parce que je pense en avoir fait preuve par moments, on peut changer les choses. Je suis passé par des moments plus compliqués et malgré tout, je suis resté moi-même, tranquille. On va dire que c’est un beau trophée »

La saison dernière, vous n’avez plus que peu joué à partir de mi-décembre, vous avez aussi commis des erreurs en matchs, comment êtes-vous passé outre ?

« Ce n’est pas toujours facile. Il y a une chose très importante : je m’interdis de regarder les réseaux après les bons matchs comme les mauvais matchs, mais surtout après les mauvais parce que si on regarde ce qui se dit sur soi… Je lis beaucoup aussi, L’Équipe ou vous, mais je m’y refuse après un match plus compliqué. Et j’essaye de ne pas trop rester sur la déception, de faire encore plus de choses après un mauvais match qui vont me faire penser à autre chose. Ça peut être de tout : regarder une série, un autre sport ou prendre un livre. Il faut déconnecter le cerveau. C’est ça qui m’a permis de digérer un peu mieux, parce qu’on ne digère jamais à 100 %, surtout les soirs de match. La nuit qui suit le match, c’est le plus dur pour moi. Pour trouver le sommeil, j’essaie de fatiguer mon cerveau. »

Après le dernier match de la saison, votre erreur permet à Montpellier d’égaliser (J34, 2-2, 19 mai) et prive Lens d’une qualification directe en coupe d’Europe, vous êtes alors devenu, pour certains, « le » responsable, encore plus après l’élimination en barrages au Panathinaïkos. Vous êtes-vous senti coupable ?

« Ça a vraiment été un moment pas facile, surtout l’après-match, avec les célébrations. On a quand même fêté le fait de se requalifier en coupe d’Europe, mais à titre personnel, ça a été très dur. Je n’ai pas été sourd, j’ai entendu les sifflets, forcément. Mais je ne me suis pas mis dans une situation de coupable. Je savais que j’avais fait une erreur, mais aussi qu’on menait 2-0 à la mi-temps et qu’on avait eu de nombreuses occasions pour marquer le troisième but. Et 2-2, ce n’est pas comme si on avait perdu 1-0 sur une erreur qui engendre un but. Je ne me suis pas mis plus bas que terre. Mais j’étais avec mon petit garçon (3 ans désormais) sur le terrain après le match. Une image me revient en tête : il court un peu partout, devant la Marek notamment. Quand je vais le chercher, j’entends les sifflets, et c’est ça qui a été le plus dur. Une fois rentré, ça a été le début de faire le deuil, de passer à autre chose. »

Comment avez-vous fait ?

« La clé, c’est que dès le lendemain, je suis parti en vacances. Je me suis fermé de tout. À part ce moment-là sur le terrain, qui a duré 20-30 minutes, j’ai vite switché, mais mes proches ont été plus affectés, parce qu’ils ont pu regarder les réseaux, les commentaires, il a fallu un peu les rassurer. Mais moi, je suis resté positif. Je me suis dit ça y est, j’ai vécu le plus difficile, maintenant, ce sont les vacances, il faut quand même en profiter, et la saison prochaine, on verra ce qu’il se passera. Mais il y en a eu d’autres difficiles cette année, l’élimination contre Monaco en Coupe (32es de finale, 7 janvier 2-2, élimination 5-6 aux tab), où je rate le dernier penalty. Mais encore une fois, c’était une séance de “pénos”, il a dû y avoir 10 tireurs. Il y a eu le match à Metz. On perd 2-1(J29, 12 avril), je rentre pour les trente dernières minutes, on a le sentiment qu’on peut revenir, j’ai eu une situation, même deux, et malheureusement, on perd. J’ai mal vécu ce match, plus, je dirais que contre Montpellier, où je fais une erreur, mais quand je rentre, je sens que je suis plutôt bien dans mon match, Mais il y a eu des moments dans la saison, surtout à partir du mois de décembre, où ça a été difficile. »

C’est à partir du match à Nice, en effet, le 20 décembre 2023, où vous n’entrez pas en jeu, que ça tourne. Titulaire habituel, vous ne le serez plus que trois fois ensuite avec un temps de jeu très réduit. Et cette saison, vous vous imposez à nouveau dans une carrière où vous avez d’abord été recalé à l’entrée des centres de formation. D’où tirez-vous cette force de caractère ?

« Je pense de ma jeunesse, de mon éducation aussi, forcément, de mes parents qui m’ont toujours dit et appris que, dans la vie, il y a toujours des moments difficiles et qu’il faut passer au-dessus ; que justement, c’étaient des moments positifs, parce que quand on connaît un échec, on connaît tous les échecs. Et je suis persuadé qu’on est meilleur derrière, qu’on fait moins d’erreurs si on est intelligent et qu’on en apprend. Après, c’est vrai que ma jeunesse n’a pas été facile, surtout que j’ai toujours voulu être footballeur professionnel et en étant recalé de 7-8 centres de formation… Les arguments étaient souvent les mêmes. Je n’étais pas petit, j’étais plutôt dans la moyenne, mais j’étais très frêle. Et, un peu comme maintenant, on voyait plus que je manquais de vitesse et de puissance. Et dans les centres de formation, à cet âge-là, on regarde à l’instant T, on ne va pas plus loin que 2-3 saisons, et ces arguments revenaient tout le temps. Il a fallu toujours digérer, accepter. D’avoir un peu vécu dans ma jeunesse tous les coups, ça m’aide dans les moments plus difficiles que je connais dans le monde professionnel. »

Trouvez-vous de l’aide à l’extérieur également ? Dans le yoga, auprès d’un préparateur mental peut-être ?

« Je me considère très ouvert. Je pratique le yoga quotidiennement depuis au moins trois ans. J’avais déjà commencé à Strasbourg, en regardant des vidéos, et pareil pour la préparation mentale, que j’ai surtout suivie ici ensuite. La saison dernière, ça a été un facteur important, j’ai passé du temps avec le préparateur mental qui venait toutes les semaines. J’ai été très régulier alors que le club ne nous oblige à rien, mais toutes les semaines, j’avais ce besoin de le voir, et ça m’a fait du bien. Depuis un an, je suis pas mal aussi sur la méditation, ça m’aide beaucoup, surtout les jours de match, pour bien me sentir. Avec tout ça, j’arrive à être plutôt tranquille et à avoir le feu en moi quand il faut l’avoir, quand c’est le match. »

Quel rapport avez-vous avec l’analyse du match et de votre performance ?

« Depuis le début de ma carrière, je revois toutes mes actions du match. On a déjà tous un sentiment après le match, si on a bien ou mal joué, mais les images me permettent vraiment de me rendre compte de ce que j’aurais pu mieux faire. Avoir une analyse juste, c’est important. Mais je vois surtout les moments négatifs, je ne me valorise pas en me regardant, parfois, je suis même un peu trop dur avec moi-même, parce que je cherche toujours le petit détail à améliorer. »

Aviez-vous déjà vécu une année aussi tranchée : jouer beaucoup, ne quasiment plus jouer et réenclencher à la reprise ?

« Non, jamais. Je crois que je n’avais jamais passé plus de deux ou trois matchs d’affilée sur le banc. C’était une période forcément pas facile, parce que je ne l’avais jamais expérimentée, mais j’ai eu la chance de l’expérimenter à 30 ans Si j’avais été plus jeune d’une dizaine d’années, ça aurait été encore plus difficile, mais ce qui m’a aidé, c’est que j’ai toujours pris du plaisir à l’entraînement, à travers les séances qui nous étaient proposées. C’était quand même un point positif, parce que les jours de match, c’était le moment le plus compliqué de la semaine : en tant que compétiteur, on veut participer ou jouer plus. Il a fallu être patient. Même quand je ne jouais pas, parce qu’il y a des périodes où pendant trois matchs d’affilée, je ne rentrais même pas, je m’étais toujours dit que ça allait payer, que ce soit à Lens ou ailleurs, mais j’étais persuadé que ça serait ici. J’étais totalement dans l’optique de regagner la confiance de l’entraîneur pour retrouver une place de titulaire. »

Quelle relation aimez-vous avoir avec les coachs ? Dans ces périodes-là, avez-vous besoin de savoir ? Et plus largement, aimez-vous savoir comment ils veulent vous utiliser ? « Je n’ai pas besoin d’avoir une discussion toutes les semaines avec l’entraîneur pour savoir quelles sont ses sensations, ce qu’il attend de moi. Mais j’aime comprendre pourquoi je suis moins utilisé, surtout dans une période où ça change brusquement. Dans la relation joueur - entraîneur, c’est important de parler avec son joueur à fréquence régulière, d’avoir cette proximité. Les joueurs, on est tous un peu affectifs et on a besoin, pas d’être rassurés, mais de savoir dans quelle direction on va. »

 

Quelles sont les différences entre les discussions que vous avez eues avec Franck Haise et celles que vous avez avec Will Still ?

« Déjà, ils n’ont pas le même âge. La façon de parler est différente. Mais cette barrière joueur - entraîneur demeure et il y a toujours beaucoup de respect de mon côté avec l’entraîneur. Les fois où j’avais discuté avec le coach Haise, ça s’était toujours bien passé. C’étaient vraiment des discussions positives, notamment quand il m’avait envoyé en réserve. J’avais trouvé ça bien parce que c’était la première fois que je discutais vraiment avec lui dans cette période où je jouais beaucoup moins. Avec le coach Still, je ne saurais pas vraiment l’expliquer, dès les vacances, j’ai senti tout de suite une connexion avec lui. Je ne sais pas s’il l’a ressentie aussi, mais c’était naturel avec son franc-parler. Pourtant, quand il était encore à Reims, je ne savais pas si ça pourrait “matcher” avec lui, mais son franc-parler m’a tout de suite séduit. Dès les premières séances, j’ai bien accroché à sa communication. »

Quelle est la principale raison du fait que vous jouez beaucoup et enchaînez cette saison ? Votre changement de poste, de milieu offensif à, plus bas, milieu relayeur ?

« J’en ressortirais deux. La première, c’est la confiance. Pour moi, c’est le plus important. On parlait du préparateur mental, mais on n’est jamais plus en confiance que quand on enchaîne les matchs, quand on sent qu’il y a une certaine confiance de l’entraîneur. C’est dans ces moments qu’on peut donner sa pleine mesure. La saison dernière, j’ai essayé de travailler cette confiance justement, de ne pas la perdre. Mais en jouant peu ou de temps en temps, elle est forcément plus affectée. Le deuxième facteur, forcément, c’est le changement de poste. J’avais ça à l’esprit depuis un petit moment. Je savais que c’était un poste où je pouvais prendre plus de plaisir et qui allait correspondre plus à mes qualités. Je me disais qu’il fallait tomber sur le coach qui accepte de me mettre dans cette concurrence-là et de m’utiliser essentiellement à ce poste-là. »

Vous êtes désormais le deuxième joueur qui tacle le plus du championnat. C’est quelque chose que vous aviez en vous ?

« Non, pas du tout. En plus, je ne suis pas quelqu’un qui commet beaucoup de fautes. C’est quelque chose qui me surprend un peu, mais au final, j’ai pris goût à l’effort défensif, à défendre, à arracher les ballons, à aider le partenaire. Même si je m’imaginais à ce poste-là, je ne m’imaginais pas être autant dans la récupération. »

Ça vient peut-être aussi de votre vision du jeu assez rapide…

« Sans doute oui, parce que j’essaie de compenser mon manque de puissance physique par une certaine intelligence dans mes déplacements et mon positionnement. J’essaie souvent de prendre des raccourcis, gratter des mètres juste en lisant le jeu. Plus on prend de l’âge et mieux on comprend le jeu. Je le vois de mon côté, sur mes données physiques ; elles sont très similaires à mes premières années pros, surtout quand je joue 90 minutes, je finis beaucoup plus frais et moins entamé physiquement. À un moment, je perdais beaucoup d’énergie sur certains efforts, par bonne volonté. je me dispersais un peu. Et quand on joue sur un poste offensif, ce sont d’autres efforts. La connaissance de mon corps, du jeu, fait que je cours à meilleur escient. »

 

L’agence qui représente Adrien Thomasson depuis ses débuts pros souligne à quel point le plaisir du jeu est important pour le milieu lensois.

 

À One Team Football, les agents qui gèrent la carrière d’Adrien Thomasson depuis plus de dix ans et le début d’une carrière pro menée lucidement, étape par étape, depuis Vannes en National, soulignent que le milieu de terrain se caractérise surtout par « beaucoup de joie. Peu importe le niveau où il a joué, il a toujours été épanoui, heureux de vivre, heureux sur le terrain, heureux avec ses partenaires. Il a accepté dès le départ ses manques, ses défauts physiques : il ne va pas vite, n’est pas puissant, il sprinte sur talons – ce qui n’aide pas à aller vite ! – mais il a développé un sens du jeu, une intelligence et une justesse techniques rares, un coffre énorme. »

Sa lecture du jeu lui a permis de jouer à des postes différents. Mais son poste actuel de milieu relayeur est bien son poste de base, « même si certains y préfèrent toujours des gars d’1,90 m hyper physiques. Mais il a toujours accepté qu’on le mette partout sur le terrain. On l’a mis sur un couloir, à Nantes sur un couloir offensif, c’était comment je vais être intelligent et bonifier ce poste. À Strasbourg, on le place en soutien attaquant, ça a été la même chose. Il aime le foot, le jeu. » Et ajoute One Team Football, « il a aussi beaucoup de résilience parce que c’était la première fois qu’il était mis sur le banc. »

VOIX DES SPORTS

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Interview intéressante qui nous donne l'image de quelq'un d'intelligent, qui a la tête sur les épaules. Son renouveau je n'y aurais pas cru. WS a eu du flair en le repositionnant plus bas. Avec la confiance qu'il a accumulé, il pourrait même remonter un cran pour dépanner quelques matches. 

Je te plussoie, Clorith. Il fera un très bon capitaine après Samba.

Beaucoup y voit Médina, mais je ne suis pas d'accord. C'est une grande gamelle un mec, un leader de jeu. Cependant, ce n'est pas quelqu'un qui est suffisamment calme pour gérer les situations de conflits. 

Capitaine ce n'est pas quelque chose d'aussi réducteur à "personnalité à fort caractère". 

Il faut aussi être diplomate

Posté(e)

Belle interview mais ça ne justifie pas pour autant le fait de lui décerner le trophée du joueur de l'année, soyons honnêtes. Maintenant, s'il nous fait une bonne deuxième partie de saison, il sera plus crédible pour recevoir le titre de joueur de la saison, surtout si ses concurrents se barrent lors du mercato.

Posté(e)
il y a 22 minutes, DamieN62 a dit :

Belle interview mais ça ne justifie pas pour autant le fait de lui décerner le trophée du joueur de l'année, soyons honnêtes. Maintenant, s'il nous fait une bonne deuxième partie de saison, il sera plus crédible pour recevoir le titre de joueur de la saison, surtout si ses concurrents se barrent lors du mercato.

Même si j'aime bien ce qu'il fait depuis le début de saison, on ne peut pas oublier la saison dernière. A mon avis il s'agit plus d'un trophée par défaut 

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