Lens-Lille: avant de revoir son équipe, le public lensois était déjà heureux de se retrouver
Plus de 2 000 supporters du RC Lens s’étaient donné rendez-vous à la Gaillette, à Avion, jeudi en fin d’après-midi. À la veille d’un derby qui s’annonce bouillant, les fans artésiens ont savouré ce moment de ferveur populaire.
Dès 15 heures, alors que le défenseur Loïc Badé klaxonne en débarquant devant les grilles du centre sportif, les premiers arrivants se postent devant les portes de la Gaillette. Il y a chez eux comme une excitation de rentrée des classes, celle qui accompagne les retrouvailles. « Tiens, tu sais que j’ai été papa il y a deux mois », balance-t-on ici à gauche. « Ah, bah moi, j’ai eu mon troisième ! », lui répond-on à droite.
Le Covid-19 n’a pas seulement ôté les stades de leur âme. Il a aussi éloigné ceux qui avaient tellement l’habitude de se retrouver, deux fois par mois au minimum, dans les travées de Bollaert-Delelis comme dans celles de toutes les enceintes françaises. On a pris jeudi en pleine face ces liens naturellement distendus par la pandémie, même chez ceux qui partagent la même passion, qui ont le même point de ralliement depuis des décennies pour certains.
Certains avaient fait plus de deux heures de route
On s’est souvenu comme la passion pour le RC Lens draîne large au Nord de Paris. De Villers-Côtterets dans l’Aisne à Grande-Synthe, d’Avesnes-sur-Helpe à Armentières et de Béthune à Cambrai, c’est la grande famille Sang et Or qui était émue de se retouver.
Elle a patienté, sagement, presque timidement, derrière la butte placée au bout de la Gaillette. Elle a bien sûr piétiné d’impatience lorsqu’elle a enfin vu ses joueurs apparaître au loin, sortant des vestiaires. Des joueurs qui ont bien saisi le message présent sur le grillage qui leur faisait face : « Saison magnifique, rendez-la fantastique ! » Il était 16 h 28. Elle attendait ça depuis de si longs mois : pouvoir vraiment remercier cette équipe qui lui a rendu les week-ends confinés un peu moins compliqués à vivre. Les premiers chants s’envolent mais manquent de décibels. Le vent n’est pas la seule excuse, on sent que chacun doit aussi retrouver ses marques. Et puis ils repartent de plus belle, et trouent le ciel nuageux d’Avion. En fermant les yeux, certains doivent se revoir à Bollaert-Delelis ou en parcage à l’extérieur.
Avant d’aller s’entraîner à l’abri des regards, les Sang et Or saluent ce public qui avait été un critère à leur venue en Artois. Jonathan Clauss, arrivé cet été de Bielefeld (D2 allemande), n’en loupe pas une miette. « Franck, je t’aime », crie un supporter à Haise, l’entraîneur lensois qui s’approche et sourit. « Bah oui, je n’ai pas encore eu l’occasion de lui dire en vrai, ce qu’il fait c’est extraordinaire », explique le fan. Certains ont pris leur journée, d’autres ont un peu baratiné à leur patron. « Mais on se devait d’être là, reprend une supportrice. Tout ça nous manque tellement. » En repartant après quelques minutes de partage, les fans du Racing s’en sont retournés à leurs espoirs de gagner le derby. Simplement heureux de ses courts moments volés à la pandémie.