L'affaire en détail :
ANGERS, 9 juil 2011 (AFP) - Un agent SNCF va saisir mercredi les
prud'hommes de Paris pour avoir été contraint en 1997 par son chef d'équipe
d'enterrer des restes d'un collègue écrasé par un TGV, oubliés après la
récupération officielle du corps, a confirmé l'avocat du salarié dont le récit
est paru samedi dans Le Courrier de l'Ouest et Ouest-France.
Les faits remontent à 1997, à Bouchemaine (Maine-et-Loire). Un agent de la
SNCF est percuté par un TGV, son corps déchiqueté est rendu à la famille mais
elle remarque qu'il manque des bijoux portés par la victime.
Le lendemain, des employés de la SNCF envoyés sur place vont retrouver les
effets personnels mais découvrir aussi qu'il subsiste encore sur place des
restes humains «éparpillés autour des rails», relate le Courrier de l'Ouest,
quotidien du Maine-et-Loire et des Deux-Sèvres.
«Mon chef d'équipe m'a demandé de les ramasser. J'ai refusé. Je ne pouvais
pas. On aurait dû faire revenir les pompes funèbres. D'autres l'ont fait à ma
place», raconte au quotidien Pascal, aujourd'hui âgé de 44 ans.
L'agent décédé était son collègue et supérieur hiérarchique.
Les restes humains ramassés sont réunis dans un sac poubelle et le chef
d'équipe «m'a obligé à aller les enterrer dans un terrain vague», continue-t-il.
Traumatisé, l'agent «en a parlé à son supérieur direct et à un médecin de
la SNCF, on lui a dit de se taire», a affirmé à l'AFP Mickaël Boulay, son
avocat.
Rongé par cette histoire l'homme a pris 30 kg, il a sombré dans une
dépression en 2006 et a alerté à nouveau en vain ses supérieurs avant de faire
deux tentatives de suicide en 2008.
Avec Me Boulay, il déposera finalement plainte en 2008 au parquet d'Angers
pour «inhumation sauvage». «Les faits étaient prescrits mais une enquête a été
menée et ça nous a permis d'avoir la preuve de ce qui s'est passé, le chef
d'équipe a reconnu les faits» mais les restes enterrés n'ont pu être retrouvés,
explique l'avocat.
Finalement l'agent SNCF a décidé de saisir mercredi prochain le Conseil des
prud'hommes de Paris «pour manquement à l'obligation de loyauté».
«C'est une exécution fautive du contrat de travail, le préjudice c'est une
dépression avec deux tentatives de suicide», précise l'avocat, «la priorité ce
ne sont pas les indemnités, il veut demander la reconnaissance de la faute de
l'employeur».
Et «même si la famille du défunt est abasourdie» par les faits qui lui ont
été révélés en 2008, «elle soutient l'agent», assure Me Boulay qui n'écarte pas
une possible action en justice de la famille contre la SNCF.
La direction régionale des Pays de la Loire de la SNCF, contactée samedi
par l'AFP, devait se renseigner sur ces faits anciens. Des faits qui «risquent
de choquer la famille de la victime, les agents de la SNCF et le grand public»,
a-t-elle déclaré au Courrier de l'Ouest.
gvy/ed
AFP